Appel du 24 mars ou, autre proposition de Thierry : appel à mobilisation quartier par quartier
Le 24 mars, nous, professionnels et parents de 16 écoles des XIe et XIIe, mais aussi d’autres arrondissements de Paris, nous sommes réunis pour rédiger ensemble un appel pour l’école de demain, l’appel du 24 mars. Les constats sont terribles.
La révision des politiques publiques entraîne la suppression de nombreux postes, notamment les professionnels des réseaux d’aide spécialisée aux enfants en difficulté (RASED). Les parents sont poussés vers le secteur médical, souvent libéral, pour répondre aux difficultés de leur enfant. Beaucoup d’enfants se retrouvent sans aucune possibilité d’accompagnement et leurs difficultés grandissantes ont des répercussions sur tout le fonctionnement d’une classe et parfois même de toute une école. Le maintien d’aide spécialisée au sein de l’école publique est donc essentiel pour toute la communauté scolaire.
Depuis 2007, 80 000 postes ont été supprimés. L’année prochaine, 98 postes seront supprimés sur Paris, notamment des postes de remplaçants et essentiellement de rééducateurs au sein du RASED, mais aussi 40 classes, or les effectifs augmentent. « Nous arrivons à faire classe avec 30 élèves, mais avec quelle énergie pour l’enseignant ? Quel stress pour les élèves ? » questionne un instituteur. Cette question des effectifs est à croiser avec celle des ASEM (agents spécialisés des écoles maternelles) et des remplaçants de moins en moins nombreux. Aujourd’hui impossible d’être remplacé lorsqu’on est malade. La classe est alors répartie sur les autres classes : « Dans une maternelle, nous nous sommes retrouvés avec 48 enfants », témoigne une institutrice.
Impossible, dans ce contexte, de penser la scolarisation à deux ans, les conditions ne sont pas réunies pour un bon accueil alors que cette scolarisation peut être intéressante dans un cadre adapté et pour nombre d’enfants.
L’impact de l’évaluation pèse sur la pédagogie : le fichier Base élèves est un système de gestion et de pilotage des écoles mis en place de façon opaque et sans information des parents. Ils ne savent pas qu’il existe une procédure pour refuser ce fichage. Base élèves n’est plus le seul fichier, d’autres fichiers sont aujourd’hui mis en place (sont en train ?) et suivent tout le parcours d’un être humain de l’âge de 3 ans à son entrée dans la vie professionnelle. En parallèle, le livret de compétences des élèves, dès la maternelle, exige des enseignants qu’ils testent les élèves selon des items précis et souvent déconnectés des réalités des apprentissages. Ils n’en voient pas l’intérêt du point de vue pédagogique et cela représente un stress important pour les enfants, les enseignants, mais aussi les parents.
La disparition des autres professionnels, médecin scolaire, assistante sociale, pèse sur le climat général de l’école et empêche une politique de prévention. Actuellement, un médecin scolaire s’occupe de 3 000 élèves.
L’absence de formation des nouveaux enseignants les place dans des situations impossibles : « C’est violent de se retrouver devant 29 enfants de petite section sans formation, avec un ASEM un jour sur deux », témoigne une jeune enseignante.
Face à ce constat, il faut réinventer un projet d'école nécessaire à tous, ce sont les citoyens de demain que nous formons à l'école. L'école est la première des richesses collectives. Il faut que cela soit le lieu du partage, de l'égalité et non le lieu de l'exclusion.
A partir de nos échanges du 24 mars, nous proposons pour base de réflexion et d’action de :
Développer l’échange au niveau local, entre parents, enseignants, professionnels de l’école. Et multiplier les temps d'échange en se retrouvant un samedi par mois, lors de « rencontres pour l’école de demain » pour construire un projet éducatif ensemble.
Et utiliser l’outil Internet (que fait-on finalement ?) pour faire connaître les lieux, les dates et le fruit de ces échanges. Appeler d’autres arrondissements à nous rejoindre.
Pour nous emparer de la parole publique et bousculer nos politiques pour exiger une école publique de qualité pour tous.
Nous proposons, comme premières actions, de :
Refuser l'aide individualisée sur le modèle d’une lettre pour expliquer ce refus et défendre l’importance des RASED au sein de l’école.
Faire remonter toutes les absences de remplacements constatées pour peser sur la nécessité du maintien des postes de remplacements.
Refuser le fichage de nos enfants, un modèle d'opposition pour Base élèves existe sur le site retraitbaseeleves.wordpress.com.
Les premiers thèmes évoqués le 24 mars qui pourraient être repris dans les « rencontres pour l’école de demain » :
Le projet éducatif : le programme a été modifié en 2008 sans concertation, il faut revenir dessus.
Les moyens de s’opposer aux livrets d’évaluation entre parents et enseignants.
Les moyens de lutter contre les violences physiques, symboliques et administratives (horaires trop chargés, locaux pas adaptés, pression de l’évaluation…).
La question du développement de la formation initiale et continue, les temps de stages, les tutorats pour les futurs enseignants.